2013-06-26
Les bureaux de vote ont ouvert tôt mercredi matin en Mongolie pour l'élection présidentielle disputée entre trois candidats et dominée par la recherche d'une meilleure redistribution de la manne fournie par ses gigantesques ressources minières.Les
Les derniers sondages donnaient l'avantage au président sortant Tsakhia Elbegdorj qui, s'il était réélu pour un nouveau mandat de quatre ans, devrait poursuivre sa politique libérale d'ouverture aux capitaux étrangers, à l'origine d'un taux de croissance faramineux de 17,5% en 2011 et de 12,3% l'an dernier.
Les trois candidats en lice assurent vouloir oeuvrer à une meilleure redistribution de ce soudain afflux de richesse, à l'origine de fortunes colossales dans un pays où le salaire moyen avoisine les 200 dollars.
Cette rhétorique de campagne n'est pas allée sans causer de frictions avec les puissants investisseurs étrangers, à l'origine du boom économique de ce pays enclavé entre Chine et Russie, survenu grâce à ses énormes réserves de charbon, de cuivre et d'or, jusque-là encore largement inexploitées.
Le géant anglo-australien Rio Tinto et le canadien Turquoise Hill Resources ont investi quelque 6,2 milliards de dollars dans la mine d'Oyu Tolgoi et prévoient d'en tirer 450.000 tonnes de cuivre et 330.000 onces d'or chaque année, en faisant l'une des plus grandes de la planète.
Une manne qui devrait fournir en 2019 un tiers environ des revenus de l'Etat mongol.
Mais les premiers contingents de minerai de cuivre attendus à l'exportation ont enregistré une série de retards, le dernier la semaine dernière, pour cause de mésentente entre Rio Tinto et le gouvernement, notamment sur les conditions de rapatriement des bénéfices.
La crainte d'une mainmise étrangère sur les ressources du pays est à l'origine d'un "nationalisme minier" qui a traversé la campagne électorale.
La frénésie d'investissements a aussi gagné la capitale, Oulan-Bator, qui s'est métamorphosée avec gratte-ciel et centres commerciaux luxueux, tout en détenant le triste record de deuxième capitale la polluée du monde, selon l'OMS.
Avant le boom minier, la grande majorité des 2,8 millions de Mongols, très dispersés sur ce pays grand comme trois fois la France, vivait la vie des nomades à cheval, héritiers lointain de l'empire de Gengis Khan, parvenu jusqu'au coeur de l'Europe il y a 800 ans.
Ancien journaliste, le président sortant Elbegdorj est l'un des dirigeants de la révolution pacifique qui a mis fin en 1992 à 70 ans de férule soviétique sur cet ancien satellite de l'URSS.
"Elbegdorj va gagner parce qu'il se sert pour sa campagne de toute la machine d'Etat, avec sa police, sa commission anti-corruption et les tribunaux", a estimé pour l'AFP Legjeem Bolor, chercheur en sciences sociales.
Toutefois, sa probable victoire "pourrait conduire à une apathie de l'électorat", a averti Julian Dierkes, expert de la politique mongole à l'université de Colombie britannique au Canada.
Il a pour challenger Badmaanyambuu Bat-Erdene, membre du Parti populaire mongol (MPP) et champion de lutte de son état.
Le MPP et le Parti démocratique du président sortant ont formé une coalition au parlement durant l'essentiel de la décennie écoulée.
Bat-Erdene a gagné une popularité certaine en contribuant à faire voter une loi protégeant l'environnement -les célèbres steppes mongoles sont aussi une importante ressource touristique- et en défendant une meilleure redistribution.
"Je crois que je vais voter pour Bat-Erdene", a déclaré à l'AFP dans une rue d'Oulan-Bator Sharav Selenge, mère d'un enfant et sans emploi.
"Il a un vrai soutien populaire à cause de son activité contre les mines et il se pose comme un homme politique qui veut une distribution juste des richesses minières et la protection de l'environnement", dira-t-elle.
Le troisième candidat, Natsag Udval, issu du Parti populaire révolutionnaire mongol (PPRM, anciens communistes), est un partisan de l'ex-président Nambar Enkhbayar, qui purge actuellement une peine de deux ans et demi de prison pour corruption.
Les deux rivaux du sortant entendent modifier les termes de la concession de la mine d'Oyu Tolgoi.
Le candidat qui remportera plus de 50% des voix mercredi sera élu d'office, échappant à un deuxième tour le 10 juillet.
Ouvert à 07H00 (23H00 GMT), le scrutin doit être clos à 22H00 (14H00 GMT). Les résultats pourraient être annoncés au cours de la nuit.
Un sondage réalisé du 14 au 16 juin par la Fondation Sant Maral dans la capitale -bastion traditionnel du Parti démocrate- créditait Elbegdorj de 54% des voix.