Mis en ligne le 2011-10-12
Berlin Correspondant - Quelques heures après avoir reçu Nicolas Sarkozy à Berlin, dimanche 9 octobre, Angela Merkel est partie avec une délégation de patrons allemands renforcer les échanges commerciaux avec le Vietnam et la Mongolie. En ces temps de crise en Europe, la chancelière allemande mise plus que jamais sur le savoir-faire de l'industrie allemande à l'exportation.
Si le sommet avec le président de la République française n'a pas apporté de solution concrète aux problèmes de la zone euro, la chancelière a eu au moins une satisfaction avant son départ : sur le front politique intérieur, les tensions autour du sauvetage de la Grèce ont perdu en intensité.
Les dirigeants du Parti libéral (FDP) et de la CSU bavaroise, alliés de la CDU d'Angela Merkel au sein de la coalition, ont renoncé à évoquer publiquement une faillite de la Grèce et sa sortie de la zone euro. Philipp Rösler, président du Parti libéral, vice-chancelier et ministre de l'économie, qui avait mis le feu aux poudres en évoquant mi-septembre une "faillite ordonnée" de la Grèce, s'est même rendu à Athènes les 6 et 7 octobre pour voir comment les chefs d'entreprise allemands pouvaient participer à la relance de la croissance grecque.
Cinglante défaite :
Peu aimé - c'est un euphémisme - en Grèce, le ministre s'est bien gardé de toute déclaration intempestive. Cela n'a pas empêché le président d'IG Metall, Berthold Huber, de comparer le ministre, lundi 10 octobre, à un "homme qui vérifie avec une allumette s'il y a encore de l'essence dans le réservoir de la voiture".
La cinglante défaite de son parti aux élections locales de Berlin le 18 septembre a pourtant appris au ministre à ne plus jouer avec le feu. Tenir un discours eurosceptique n'a pas été payant.
Pour Mme Merkel, un autre feu couvait, au sein de la CSU. Un des principaux opposants allemands à l'euro, Peter Gauweiler, figure historique du parti chrétien bavarois, était candidat pour être vice-président du parti.
Réunis en congrès, les membres de la CSU ne lui ont pas donné cette tribune et ont élu, samedi 8 octobre, l'autre candidat, Peter Ramsauer, ministre des transports de Mme Merkel. Horst Seehofer, le président de la CSU, a, lui, été réélu avec près de 90 % des voix.
L'accalmie politique pourrait n'être que de courte durée. Le site internet du Spiegel a révélé dimanche 9 octobre que la direction de la CDU préparait une motion visant à renforcer les institutions européennes, notamment en créant un "commissaire à l'épargne", chargé de vérifier l'orthodoxie des dépenses publiques dans la zone euro.
La CSU ne l'entend pas de cette oreille. "On a besoin de davantage de stabilité et de discipline budgétaire, pas de nouvelles instances ni de nouveaux commissaires", a rétorqué Alexander Dobrindt, secrétaire général de la CSU.
Au sein du FDP aussi, les discussions s'annoncent vives. Les eurosceptiques tentent d'ores et déjà de s'opposer à l'étape suivante : la création d'un mécanisme permanent de stabilité (MES) qui doit prendre le relais du Fonds européen de stabilité financière.