Mis en ligne le 2011-10-05
Mme OCHIR ENKHTSETSEG(Mongolie) a estimé aujourd’hui nécessaire la mise en place de « solides stratégies » pour garantir un développement durable dans les pays pauvres, notamment au moment où les crises multiformes qui secouent le monde, alimentent les débats des travaux de la Deuxième Commission. « Nous devons promouvoir la création d’emplois productifs et décents, ainsi que l’inclusion sociale. Il faut pouvoir garantir une couverture sociale aux personnes dans le besoin et aux plus vulnérables », a soutenu la Représentante permanente de la Mongolie.
S’appuyant sur le Rapport 2011 sur la situation sociale dans le monde, Mme Enkhtsetseg a déclaré que nombre de pays « s’enfoncent dans une crise sociale marquée par un fort taux de chômage, plus particulièrement chez les jeunes, et une paupérisation galopante et des inégalités. Elle a estimé que cette situation est particulièrement préjudiciable aux pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement, qui assistent impuissants à la perte de leurs gains en matière de développement, gains pourtant « durement acquis » au cours des décennies écoulées. Au niveau international, la Mongolie exhorte donc la communauté internationale à conclure rapidement le Cycle de Doha sur les négociations commerciales multilatérales. Doha doit placer les besoins des pays en développement au centre de ses préoccupations et offrir des mesures accélérées pour l’aide au commerce dont ces pays ont besoin.
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a examiné aujourd’hui les moyens de la mise en œuvre des piliers du développement durable, qui sont les volets social, économique et environnemental du développement, alors que la promotion du développement durable fait face, aujourd’hui, à trois grands obstacles: le fossé technologique entre les différentes régions du monde, l’insuffisance des ressources de financement du développement et les disparités dans la mise en œuvre des programmes et des politiques.
La promotion des piliers du développement durable a été abordée à l’occasion d’un dialogue entre la Deuxième Commission et les cinq Secrétaires exécutifs des commissions régionales de l’ONU, dialogue qui a eu lieu sur le thème « Intégrer les piliers économique, social et environnemental du développement durable: Perspectives des régions ». Le Président de la Deuxième Commission, M. Abulkalam Abdul Momen du Bangladesh, a souligné l’importance de l’approche par région, qui permet de passer en revue des expériences diverses et les besoins spécifiques de chaque grande région. Il a rappelé que ce dialogue s’inscrivait dans le cadre des préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui aura lieu l’an prochain à Rio de Janeiro, au Brésil, 20 ans après le Sommet de la Terre. Le débat a été modéré par Mme Noeleen Heyzer, qui a aussi fait une présentation régionale en tant que Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).
Mme Alicia Bárcena, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a, de son coté, mis l’accent sur la baisse sensible des taux de pauvreté et de chômage dans les pays de cette région. Mais elle a reconnu qu’il fallait encore lutter contre la réduction des inégalités. Elle a aussi évoqué des rencontres tenues au niveau régional concernant la mise en œuvre des fondamentaux du développement durable.
Le représentant du Chili, dont le pays préside par ailleurs le Groupe de Rio, a réagi pour souligner que les Nations Unies étaient les mieux placées pour aider la recherche d’outils qui permettront l’intégration des trois piliers du développement durable. Le représentant de l’Argentine a, quant lui relevé qu’il y a encore beaucoup à faire dans la région de la CEPALC, où règnent les niveaux les plus élevés d’inégalités économiques et sociales au monde.
M. Abdoulie Janneh, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a présenté l’économie verte comme un moyen d’intégrer de manière équilibrée les fondamentaux économiques et sociaux. « Mais on peut se demander, au stade actuel, si l’économie verte a des correspondances avec le développement durable, et si nous ne devons pas changer de paradigme en tenant compte du changement climatique et de la crise alimentaire ». Cette réflexion de M. Janneh reflétait les inquiétudes qu’éprouvent un grand nombre d’États Membres concernant la définition du concept « d’économie verte ».
Mme Heyzer a souligné que plusieurs défis restent à relever dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en Asie-Pacifique, à commencer par le niveau élevé des prix des denrées alimentaires et des produits énergétiques. Elle a évoqué les émissions atmosphériques de dioxyde de carbone, qui sont deux fois moins élevées dans la région qu’aux États-Unis, et a plaidé pour une évolution plus rapide vers l’usage d’énergies renouvelables. En Asie-Pacifique, il est important d’augmenter les niveaux de consommation des classes de population les plus pauvres et de créer plus d’emplois « verts », a préconisé Mme Heyzer.
M. Jan Kubiš, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a pour sa part souligné que la région Europe avait été la plus frappée par la récession. Il a noté que la croissance du chômage, couplée à la baisse des recettes publiques et au vieillissement de la population européenne, allaient rendre difficile la prise en charge des retraites et des programmes de santé dans la région. Concernant l’environnement et les émissions de gaz à effet de serre, le Secrétaire exécutif de la CEE a dit que les situations étaient différentes d’une zone à l’autre de l’Europe, mais qu’une feuille de route ambitieuse était mise en place pour combattre ce phénomène.
Mme Roula Majdalani, Directrice de la Division du développement durable de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a noté que dans la région de la CESAO, la mise en œuvre des trois piliers du développement durable passait par une bonne gouvernance, sur fond de « printemps arabe » et de transitions politiques. La création d’emplois reste un défi considérable à relever dans la région, même si cette dernière a des taux de croissance supérieurs à la moyenne mondiale depuis 2000, a indiqué Mme Majdalani.
La Deuxième Commission a, par ailleurs, consacré sa séance de la matinée à la poursuite du débat général entamé hier, et qui reprendra demain, mercredi 5 octobre, à 10 heures. Il en est ressorti une forte préoccupation pour l’impact de la crise économique mondiale sur les engagements pris en matière de développement durable et de financement du développement. La réduction de la pauvreté et le développement durable doivent rester des priorités, d’autant plus que la pression liée au changement climatique s’est accrue et que le fossé technologique entre pays du Nord et du Sud s’est creusé, ont préconisé la plupart des délégations. « Si nous n’agissons pas, les conséquences économiques, financières et surtout humaines seront dévastatrices », a averti le Chili, qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio. Ces propos ont été relayés par la délégation de la Chine, qui a appelé les pays donateurs à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement.
Les représentants ont placé beaucoup d’espoirs dans la Conférence Rio+20. L’Inde a dénoncé « les schémas insoutenables de consommation et de production qui doivent être modifiés d’urgence, notamment dans les pays industrialisés ». La promotion et le déploiement des technologies propres et des énergies renouvelables doivent être étendus à tous les pays, notamment au moyen de la coopération et du transfert de technologie, ont souligné les intervenants au débat général.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 5 octobre, à 10 heures, en reprenant son débat général.