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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 09:08

2013-05-20

 

Le recit de voyage sur le blog de MATTMARIE

 

L’arrivée à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie est étrange. On réalise physiquement que nous sommes en Asie. Fini l’Europe et la Russie où notre couleur de peau se fondait dans la masse. Désormais nous sommes blancs…
La transition est donc assez dur : nous nous sentons oppressés dans cette ville ultra polluée, où le but est de pousser son voisin pour rentrer avant lui dans le bus et où nous avons l’impression d’être seulement une somme d’argent (en parlant d’argent, on se fait voler notre portefeuille le 2ème jour…) ! Un type rencontré dans le bus provenant de Russie nous semble être providentiel : il nous propose de nous emmener voir sa belle-sœur qui vit dans la campagne, dans une ger (prononcez guerre, yourte en français). On saute de joie, puis on tombe par terre lorsqu’il nous demande 120$ « pour le trajet »... On ne nous l’avait encore jamais faite celle là ! Nos rencontres des 4 derniers mois étaient tellement gratuites et spontanées. On lui explique gentiment qu’être accueillis contre une somme d’argent ce n’est pas trop l’esprit de notre projet. On se rend alors compte d’une réalité de la Mongolie : le tourisme. Ici, fleurissent les agences touristiques, les tours organisés, les locations de voitures avec chauffeur… Et il semble impossible de sortir des sentiers battus. Si on veut rencontrer une famille mongole il faut payer une agence, qui paye la famille pour pouvoir rester chez eux… On rencontre le Père Hervé et le Père André, missionnaires catholiques qui nous confirment ceci, et selon eux c’est même plus prudent car la Mongolie a un climat très rude et on ne peut pas s’aventurer comme ça à l’aveuglette !

 

La suite sur :   http://www.lavie.fr/sso/blogs/post.php?id_blog=14836&id_post=2667

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 10:06

2013-05-13

Par René Savelli

Suite à la réception de la délégation du village de Bulgan dans le désert de Gobi en 2011, une délégation d’Auzas est allée rendre visite à ses homologues Mongols, en septembre 2012.

Arrivé à Ulaan Bator, réception à diner par M. Yves Delaunay Ambassadeur de France qui nous a félicité et encouragé à développer ce jumelage entre communes Mongoles et Communes rurales Françaises (je préside l’Association des Maires Ruraux de la Haute Garonne). Pour ce faire il nous a indiqué le nom d’une Mongole qui a écrit des recueils en français de contes Mongols illustrés.

Puis réception par le Ministre de la défense, député de l’Umnugobi Aimag, et visite d’Oulan Bator

Le lendemain envol pour Dalandzadgad ou nous avons été reçu par le président de région et enfin arrivée à Bulgan.

Réception à la Mairie, visite des écoles et de l’Hôpital, de leur jardin potager communal, puis nous avons été conviés à assister à un mini Nadam organisé à notre intention.

Visite du site « des dragons », Flamming Cliff, ou l’on a fait de nombreuses découvertes de fossiles de dinosaures, près de la forêt de saxaoul. 200 leger

Rencontre avec les nomades, puis route vers les dunes de Hongoriin. Retour à Oulaan Bator et visite du parc Gorkhi Terelj.

Au retour nous avons pris contact avec Khishig Erdene Gonchig, l’auteur de ces livres de contes que nous allons éditer cette année par l’intermédiaire des éditions Auzas. Le bénéfice des ventes sera intégralement reversé à Khishig qui dirige une fondation d’aide à la scolarisation des enfants de nomades.

Un autre projet de jumelage est en cours avec Khutul Saikhan Sum de Selenge Aimag dont elle est originaire.

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 02:19

 

      Par Christian Bance, suite

 

Gorges de la rivière Ouench
14 juin
01-haute vallee ouenchNous commençons la grimpette dans les gorges de ladite rivière, en direction du « Ikh Ulaan Davaa », le grand col rouge, par opposition au petit " Bag Ulaan Davaa", qui est un peu plus au nord-est vers la ville de Must . Les gorges sont très photogéniques, le chemin évidemment un peu acrobatique : sable , cailloux, et surtout 15 gués sur 15 km. Ce qui paraît d’abord distrayant, finit par lasser, même si on aime l’eau, parce que avant le gué, c’est casse-g…et ça descend raide, et après le gué ça monte, et donc à chaque fois ça casse … le rythme.
Nous croisons des gamins en train de caresser un poulain et un chevreau, comme nous en avons l'habitude chez nous avec un chien ou un chat; nous les retrouvons plusieurs fois sur le chemin avec leur troupeau. Un chauffeur de camion s' arrête face à nous, prétexte pour lui à se dégourdir les jambes, nous donne du lait en signe de bienvenue, voilà un imprévu comme on aime. Nous mangeons du millet, petite 03-sieste deboutgraine discrète qui fait très bien ce qu'elle doit faire: nous rassasier.
Nous campons vers 1600 m, près d’un vieux saule marcotté, qui nous fournit du bois, et nous réchauffe. Le vent ce soir s'engouffre dans ce vallon étroit, et en plus de la petite laine, le feu est le bienvenu. Nous avons croisé et recroisé plusieurs fois dans la journée un cavalier dans sa del violette, venu nous saluer pendant une pause, étonné de notre présence . Nous avons plusieurs fois croisé ou doublé les mêmes troupeaux et leurs bergers, nous sommes un peu entre nous, presque en pays de connaissance.
(Alt :1579 m, N 46°21 665, E 92°07 528)

15 juin
La piste passe dans des petits défilés verdoyants, bordés de schistes de toutes les teintes pastel envisageables, du bleu pâle au violet en passant par le rose, l’ocre ou l’orange. Ces passages resserrés alternent avec des grandes vallées suspendues quasiment plates sur plusieurs kilomètres. La rivière ondule au milieu, nous en avons plein les yeux, plein le souffle aussi à cause d'une petite brise fraîche toujours bien présente. On a dû voir une 02-complicitédizaine de véhicules, c’est beaucoup, nous sommes sur une piste qui relie la frontière chinoise avec les villes de l’ouest, Khovd et Olgii à travers la chaîne de l’Altai, et la frontière ouvre demain pour deux semaines, les affaires reprennent.
Nous dérangeons des vautours, des grands, des solides vautours fauves qui font le ménage dans les carcasses de chèvres au pied d’une falaise.
La journée se termine à proximité du lit de la rivière, sèche, dans une grande vallée vers 2300 m, avec une visibilité de 15 km de part et d’autre. Nous sommes seuls comme d’habitude, avec vue sur la pleine lune, et sur le col quelques centaines de mètres de dénivelé plus haut vers le nord, bonne ambiance paisible, mais déconseillée aux agoraphobes. Evidemment le sol est bien pelé, la végétation réduite à quelques brins d'herbe sèche.
Les nouilles sont ce soir à la sauce chimique, très indéterminée, pas mauvaise, mais sans plus . Alors que ce midi c’était festin : nouilles, fromage mélangé de diverses bêtes à 4 pattes, et gâteau au chocolat avec le café, quelle intendance de rêve !
( Alt :2327 m, N 46°31 929, E 92°03 779 )

Ikh Ulaan Davaa, 2987 m, vers Mönkh Khaïrkhan
16 juin
04-col rouge ikh ulaan davaaNous grimpons, le mot n’est pas trop fort, le « Ikh Ulaan Davaa », le grand col rouge ( Alt : 2987 m, N 46° 35 194 , E 92° 08 862 ), et on peut dire que la pente sous le col qui fait 600m de dénivelé sur 5 km linéaires, c’est raide. Si les comptes sont justes ça fait une pente à 12% de moyenne , le tout entre 2400 et 3000 m, ça fatigue. On souffle, on pousse, on s’essouffle, par fragments de 150 m dans les derniers lacets tellement c’est raide, merci nos petits poumons, et sans dopage.
Nous sommes aidés symboliquement par un petit berger dans le dernier raidillon, et après l’effort, nous mangeons une boîte de pâté, un peu de gras bien calorique pour récupérer, merci « leader price » made in poland, à l’abri d’un grand Ovöö . Les bonnes lectures que j'ai eu depuis indiquent que ce n'est pas la piste la plus fréquentée de part et d'autre de l'Altaï dans sa partie est, mais que c'est la plus spectaculaire. L'autre piste emprunte une vallée parallèle à une vingtaine de kilomètres plus à l'est, le long de la rivière Bodonch, par où doit passer la future route trans-asiatique qui reliera la Chine à la Russie.
De mémoire de Martine, c’est probablement le truc le plus dur physiquement qu’on n’ait jamais fait, toutes conditions confondues, et je n’ai pas de contre exemple .
Mais après, comme disent certains, quelle récompense : la vue panoramique sud et nord pour ce col ci. Nous avons le sentiment d’un jeu quotidien de poker-menteur qu’il faut gagner, avec cette foutue montagne qui nous fait des offres , et nous tend des pièges, à nous d’apprécier…
Nous sommes joueurs et juges à la fois, et la réussite se mesure à l’humeur du soir, à l’entrain pour répéter les gestes de base quelques heures par ci et par là: montage, démontage, pédalage, bricolages divers, dérisoires et indispensables, et aussi à l’appétit pour absorber les mêmes nouilles que la veille, à boire la même eau tiédasse, plus ou moins colorée par on sait trop quoi .
Tous ces gestes, ces répétitions sont un peu fastidieuses et nécessaires, si on veut la gratification des paysages, des sensations, la satisfaction d’avoir « réussi , tenu le pari », ou toute formule équivalente. Il y a quelque chose de rudimentaire, de naïf dans cette recherche d’un plaisir rude, animal, comme les yacks qui galopent, les chevaux qui se roulent dans la poussière…et un sentiment de plénitude, de calme qui dépasse tout le reste .
Quelques kilomètres en contrebas au nord du « Ikh Ulaa Davaa », nous avons notre seule vraie grosse hésitation de tout le voyage
- prendre la piste, la plus fréquentée, à l’est vers la ville de Must, joignable en une grosse journée, mais cette option rallonge ensuite de 100 km le trajet vers Khovd, par une piste à plat, pas forcément amusante, probablement très défoncée et pleine de tôle ondulée comme toutes les pistes fréquentées et rapides
- ou la piste à l’ouest vers la ville de Mönkh Khaïrkhan, plus courte sur la carte, mais plus montagneuse, avec un secteur de gorges de 20 km sur laquelle nous n'avons bien entendu aucune information, évidemment c'est plus amusant comme ça.
Quand le doute s’installe, il faut éclaircir les idées, bien mélanger tout ça, et trancher dans le vif : dénivelés, réserves, eau, climat, isolement, des éléments qu’il faut mettre en bon ordre, pour prendre la bonne option . Nous eûmes deux heures difficiles, tétanisés entre mon mutisme inquiet, la fatigue, les doutes sur nos capacités physiques, la peur des chiens, le temps menaçant. Dans ces moments de choix difficile, tout devient préoccupant, et plus on tarde à décider , plus c’est dur.
Compte tenu d’un dénivelé équivalent d’un côté comme de l’autre (cols à 3000 ), autant qu’il soit appréciable sur la carte, et sans possibilité d’avoir d’autre info ( tout est toujours possible partout et les mongols n’aiment pas dire non ), nous nous décidons pour l’option courte, vers l’ouest, à la condition de se ravitailler chez les bergers. Ce qui fut dit fut fait, à la dernière yourte du vallon. Le maître du lieu interrompt la réparation de sa moto, m'emmène chez lui, et après le rituel du thé au lait et petits beignets, sa femme me vend 1 kilo de fromage pour 2000 tögrög, soit 1euro 200 .. Ne reste plus qu'à trouver les trous d’eau dans le lit de la rivière, pas vraiment fournie malgré la saison.
Nous campons dans un petit vallon sous un ciel plombé, dans une ambiance presque lugubre, mais il ne pleut pas, vivement demain . Je m’épanche dans le dictaphone, pendant que Martine soigne les énormes crevasses qui me minent les talons depuis quelques jours, et me font marcher sue les pointes, ça fait ridicule, mais ça fait surtout mal. Grâce à ses soins efficaces, ça va beaucoup mieux, merci.
( Alt : 2643 m, N 46°39 881, E 92°09 995 )

17 juin
Après un sommeil mérité, et la visite de quelques voisins motocyclistes, intéressés par les détails techniques de notre équipage, nous visons le prochain col « Tsagaan Khötöl », la passe blanche, en remontant doucement le long de la haute vallée de la rivière Bodonch, "Bodonchiin Gol"
( Alt : 2983 m, N 46°45 354, E 92°05 290 ) en surveillant les nuages qui s’accumulent au sud , pour viser les grands espaces au nord .
Nous n’avons ni vu, ni entendu le loup, ou alors on dormait tellement bien , qu’il n’a pas voulu nous déranger, pourtant on aurait bien aimé lui faire un petit coucou, mais non, tout est calme, dommage, c’est timide ces petites bêtes …
05-pause familiale vallee de la bodonchNous sommes arrêtés dans notre élan par une famille fort sympathique qui s’installe pour l’été ; les hommes, dans nos âges, font la causette en réparant les fixations des murs de la yourte en cours de montage, les femmes s’activent aux tâches ménagères, et tout le monde nous invite à faire une pause, thé, fromage, et gâteaux à l’appui .
Nous apprécions particulièrement la simplicité de l’accueil, sans aucune ostentation , ni déférence excessive, d’égal à égal.
Les filles de la maison, étudiantes en géographie, un peu anglophones et en vacances, font leur devoir de relations publiques, tout le monde s’en distrait, sans plus, les affaires courantes continuent : le fromage à essorer, le troupeau à rassembler.
Nous ressentons dans cette famille un grand calme, tout sauf naïf, comme cela se trouve partout quand les gens ont vu, appris, ont eu le temps et les moyens de comprendre les inconvénients et avantages des situations respectives, sans sentiment d’infériorité, avec respect. C'est un moment très reconstituant , par l’attention , la sobriété et la discrétion des échanges, la gentillesse même.
Nous passons le col sans nous faire rattraper par la pluie, accompagnés par deux gamins à cheval et leur chien, qui nous montrent qu’à cheval ça va quand même plus vite qu’à vélo. Bon ça va, on a compris .
06-objectif luneEt au col, nous avons vue monstrueuse, monumentale sur des vallées de dizaines de kilomètres, de l’herbe rase, des biquettes dans un tableau de pastel blond ou vert clair, tout ça sur une piste en pente douce, un vrai billard ondulant pendant 25 kilomètres, sans personne, sous un soleil tout à fait supportable étant donné l’altitude, alternant avec quelques petits cumulus, un régal .
Nous rejoignons la rivière qui descend du Mönkh Khairkhan Uul, « Bortiin Gol » bien contents d’avoir de l’eau pas loin. Et là, le temps se gâte très vite, très fort, sous la forme d’une grosse tempête, juste devant une sorte de refuge en dur du siècle dernier, pour07-j ai la tete dans les etoiles randonneurs et alpinistes. « Bort bag » est habité par la famille du gardien des lieux, qui nous invite à nous mettre à l’abri, et à visiter son embryon de musée géologico-botanico-historique, ce que nous acceptons bien volontiers.
Quelle maison : les vitres sont réparées par des morceaux de verre collés avec des bouts d’adhésif, le toit fuit, la porte d’entrée tient par un bout de fil de fer…et le poêle en tôle ronfle au milieu de tout ça et nous réchauffe. Vu les courants d’air , il n’y a pas de risque d’intoxication au CO. Nous causons un peu avec le père, manifestement un personnage localement important, sans que nous comprenions bien à quel titre, et avec la fille, apprentie enseignante. Nous passons deux heures à commenter le temps qu’il fait, autant que possible, et nous repartons vers les gués du cours inférieur de la Bort bag gol, ( six gués en dix km, d’eau fraîche, et profonde ) . Le terrain se gâte jusqu’à la bonne ville de Mönkh Khairkhan, ou nous arrivons deux heures plus tard, avec l’espoir de trouver un téléphone accessible. Mais non, frustration, la poste est fermée, la carte téléphonique que me vend l’épicière ne marche pas, ras le bol et fatigue au programme.
Nous nous vengeons en campant au bord de la rivière, coucher de soleil en ligne de mire, en mangeant des gaufrettes à la vanille qui sont aussi bonnes pour le moral, que pour l’estomac, voire meilleures .
( Alt :2077 m, N 47°04 282, E 91° 50 896 )

18 juin
Aujourd’hui, jour de « l’Appel » : j’appelle Martine, sur un ton cassant, impératif , pour voir, elle me répond : « je t’ em… », réponse laconique adaptée à la circonstance.
( Fin de l’épisode à connotation militariste).Tout va bien, action , réaction .
Dans l’attente d’un horaire décent pour appeler Juju ( six heures de décalage ), nous faisons la liste des courses: d’abord de l’essence pour le réchaud, après avoir trouvé le pompiste qui démarre le groupe électrogène pour actionner la pompe sans bien comprendre bien pourquoi on veut de l’essence pour nos vélos, ensuite des nouilles et des gâteaux secs indispensables, toujours à la recherche d’improbable « vache qui rit », ou d’une conserve un peu originale. Nous passons à la banque « Khaan Bank », pour retirer quelques fifrelins, après avoir grignoté des khushuurs, alias beignets de viande, frits, dans une guanz basique pour affamés normaux.
«No computer, no change », formule d’accueil de la guichetière bancaire, me met les nerfs très à vif. Je le lui fais vite et bien comprendre mon désaccord grâce à mon lexique, en gueulant sans retenue, un peu en mongol, un peu en anglais , beaucoup avec les mains, en colère juste ce qu’il faut pour que tout le monde comprenne, le téléphone de la guichetière dans une main, mon solde dans l’autre, et en faisant du scandale dans la boutique et en empêchant tout le monde de bosser .
Ca dérange quelque peu, et il faut une heure trente de négociations bruyantes, mais je n’ai pas de réputation à défendre, seulement un estomac, pour que la directrice d’agence comprenne que sans rien à becqueter ni monnaie, je ne lâche pas la partie, sauf si elle nous invite chez elle, ce qui la fait rire, jaune… Elle daigne enfin téléphoner à UB, une première , puis une deuxième fois, contrôlant et recontrôlant nos passeports, tout ça pour nous lâcher péniblement l’équivalent de vingt cinq euro.
Sans ordinateur, même dans le trou du c… du monde, rien ne marche plus, poil au nez.
De cette histoire, retenons la leçon universelle:
- l’ exécutant exécute ,
- l’ exécutant n’innove pas, ne prend pas d’initiatives, par conséquent n’est pas responsable, c’est très important de « ne pas être responsable »
- il ne se mouille pas devant son supérieur, ne s’avise pas de poser une question imprévue
- la question « qu’est-ce que je peux faire ? » est hors de son espace mental.
Mais il arrive fatalement un moment où la couverture devient trop petite pour couvrir tout le monde, que le plus fort gagne, ou le plus gueulard. Je fais partie des gueulards.
C’est un bon concentré de comportement post soviétique, les mauvaises langues diraient « fonctionnaire »..
Nous ne réussissons pas à joindre nos correspondants habituels, pour cause de téléphonie merdique, Julie, Antoine, Romain , on est en rogne . Pour se venger , on se goinfre de gaufrettes, de gâteaux au chocolat et de sardines à la tomate.
Nous nous extirpons de ce patelin qui aurait pu être agréable, dans un site de rêve, avec des indications de piste en bonne condition vers Mankhan, suivant les indications d’un piéton de passage, ce qui nous console des contrariétés vues précédemment .
Devant la poste, un quinquagénaire rigolard me jette un œil amusé, me tâte le mollet en levant le pouce d’un air encourageant, c’est peu de chose mais suffisamment complice pour redonner du punch, si besoin.
Nous posons nos valises quelques kilomètres après que les trois occupant(e)s d’une moto aient fait demi-tour après nous avoir croisé, et démonté la moitié de leur chargement, pour nous donner du fromage et du yaourt, nous laisser le temps de l’avaler pour repartir comme ils étaient arrivés, sans autre monnaie d’échange que quelques sourires. Ca fait du bien, simplement.

Dund Tsenger Gol et ses gorges
19 juin
08-bucolique à souhait ne manquait que les singesNous reprenons nos devoirs de vacances, à la sortie des gorges de la « Dunt Tsenger Gol », ( la Rivière Bleu-pâle du Milieu , l’autre était celle du nord ), tout directement venue du « Mönkh Khairkhan Uul », 4364 m.
C’est superbe, une grande vallée couvert de galets gris-clair puis à peine sablonneuse, avec des gués bien frais pour nous réveiller la tête et les jambes, et nous mettre de bonne humeur si besoin .Nous passons quelques bergeries peu habitées « Alag Tekhiin Bag », ( la Compagnie du Bouc de toutes les couleurs ), dans une longue vallée tranquille, avant d’aborder les gorges proprement dites, bien calées entre deux murailles de 6 à 800 m de chaque côté sur une grosse dizaine de kilomètres, dans un paysage de savane arborée où l’on se serait attendu à voir girafes et éléphants. Mais non, pas de grosses bêtes, pas de petites non plus, personne, et nous ne tardons pas à comprendre pourquoi.
La suite de la gorge se rétrécit petit à petit, dans une ambiance silencieuse, inhabitée, de plus en plus encastrée au fur et à mesure que nous descendons le long de la rivière, avec des falaises de 1000 m à droite comme à gauche, secteur déconseillé aux claustrophobes, jusqu’à devenir un vrai torrent bien vif, avec des gués de plus en plus profonds et remuants,09-faut bien que ca se scorse 80 cm à 1 m de flotte avec un bon courant, et quelques nuages sombres en amont, ça fait joli sur la photo, mais ça nous met la pression .
Le courant pousse les vélos de telle sorte qu’ils se mettent dans le sens du courant, et le vélo de Martine flotte sur ses sacoches, nouveau et intéressant. Ca nous donne l’idée de construire un radeau à base de vélos chargés, avec sacoches étanches gonflées, mais nous n’avons pas le temps de développer le procédé. Résultat, un vélo chargé qui flotte, ça n’est pas très maniable, il faut apprendre la technique de conduite, sous peine de bain forcé en cas d’échec. Le dernier gué nous impressionne …mais ça tombe bien, c’est le dernier.
Nous sommes préoccupés de sortir de ce goulet avant le mauvais temps, qui nous obligerait à faire demi-tour sur 25, 50 ou 100 bornes le cas échéant, si les gués se gâtent ( …).
Les infos étaient fausses, il n’y a pas de bonne piste, seulement une trace de gros camion haut sur pattes dans cette vallée paumée, où personne ne passe, sauf exception. La piste n’est ni passante, ni bonne, dont acte, d’où la nécessité de réserves de temps, de bouffe, en cas de constatations de terrain non conformes aux prévisions.
L’humeur est concentrée, pas vraiment à la rêverie, pas le temps ni l’envie de faire des photos, dommage pour le carnet de route . Pourtant moi en slip en train de me démener avec un vélo qui flotte dans 1m00 d’eau, quel scoop ça aurait fait , dommage.
Comme on ne savait pas que c’était impossible, on l’a fait, à la surprise des habitants d’une yourte à la sortie des gorges, pas vraiment entraînés à voir des cyclistes dans le secteur .
La journée se termine avec l’ouverture du paysage au sortir des gorges , on respire devant cette grande plaine vers le nord.
D’un coup d’œil on découvre une perspective qui nous fait distinguer prochaine ville à 35 km, Mankhan, qu’on distingue parfaitement dans ce lointain bien sec, et la vue porte jusqu’à 80 km vers la chaîne de montagne au nord, que nous longerons demain, « Jargalant Khairkhan », le « Clément Bienheureux » ou quelque chose comme ça.
Et c’est alors que nos ennemis les plus féroces attaquent : les moustiques, dans un10 equipement lourd moustique coucher de soleil superbe . Ils nous obligent à inaugurer nos équipements de protection intégrale de la tête aux pieds, malgré la chaleur: manches longues, gants, chaussettes, moustiquaires sur la tête coincées sous le chapeau, faute de quoi nous serions transformés en grosses pustules à roulettes.
Question technique, j’opère un réglage de freins, le changement de deux patins, resserre la fourche de mon vélo, et la fixation de deux cale-pieds qui ont perdu leurs boulons à cause des vibrations : de la routine.
Les bergers des yourtes en contrebas n’ont pas manqué de nous repérer sur le promontoire où nous sommes perchés. Nous les distinguons en train de nous observer, ils doivent s’interroger sur notre planète d’origine.
Ils viennent chercher la réponse un peu avant le couchant, à l’heure de la soupe, bien sûr. Nos voisins de la vallée se déplacent à cheval en deux groupes successifs. Deux jeunes hommes arrivent d’abord, avec qui la conversation s’engage de façon assez dynamique surtout avec le petit ado de 15 ans. Il veut tout savoir sur nos professions, nos familles, notre âge ( à 50 ans on est vieux ), nos enfants… veut apprendre quelques mots de français, nous expose quelques bribes d’anglais apprises je ne sais où . Le grand frère, lui, me propose surtout une partie de lutte que je refuse poliment. Plus tard leur père et leur sœur viennent nous saluer, le père boit un bol de soupe « bouillon kub » qu’il trouve fameuse, m’offre une prise de tabac que je décline, tout ça dans une ambiance paisible et volontairement enfumée que j’entretiens pour éloigner les moustiques. Ca marche plutôt bien, pendant que Martine se protège de ces visites à la répétition, motivées par une curiosité bien légitime mais un peu fastidieuses pour nous, en s’enfermant dans la tente sous prétexte d’attaques de moustiques.
( Alt : 160 m, N 47° 13 457, E 92°00 609 )

Plaine vers Mankhan
20 juin
Notre départ se fait sous le contrôle visuel des bergers des quelques yourtes en contrebas rencontrés la veille. Au passage nous saluons leurs habitants comme de vieilles connaissances et suivons le chemin le long de la rivière. En doublant une ferme-hameau du siècle passé « Ulaan Khuree », la Compagnie du Camp Blanc, à l’architecture bien linéaire, nous avons quelques échanges aigre-doux avec l’inévitable chien de garde qui se croit obligé de faire du zèle. Il est vite calmé par quelques jets de pierres approximatifs, et nous défilons dans cette longue vallée pour atteindre Mankhan, sa poste, ses magasins, ses guanz.
Là encore, nous avons notre petit succès auprès de la jeunesse locale qui préfère tourner autour du marché central avec des motos pétaradantes. Un grand gaillard rigolard armé d’un seau de peinture rouge nous propose de repeindre nos vélos, sans succès pour lui. La pause est stratégique: nous voulons confirmer notre vol Hovd- Ulaan Baatar quatre jours plus tard, et téléphoner à Julie que nous n’avons pas entendue depuis une semaine.
Tout fonctionne, nos billets sont réservés, l’interlocutrice parle anglais, comprend ce que je lui raconte et réciproquement, les affaires de Julie prennent bonne tournure : fin de stage, fin de cours, derniers oraux. Ca nous remet la tête à l’endroit et le vélo dans le bon sens, pour les 100 bornes restantes sur « la » grande piste, chargés de 18 litres de flotte pour ce dernier morceau de bravoure a priori sans ravitaillement, sans perdre notre temps à attendre un hypothétique camion pendant un ou deux jours.
Les premiers 30 à 40 km sont éprouvants : la tôle ondulée alterne avec sable ou inversement, et le vent est de face nous casse le moral. En plus, cette grande piste centrale est doublée par une multitude de pistes secondaires sur plusieurs kilomètres de largeur, et dans ces conditions, remarque Martine, où est-ce qu’on campe si on ne veut pas se faire écraser, sachant que les camions modernes et autres 4x 4 roulent plutôt vite sur ce terrain désert. Remarque fort à propos et préoccupante .
Vers 17h après 50 km dans les pattes, nous visons la ligne téléphonique qui longe la vallée, trouvons un petit bouquets de buissons de 50 cm de haut, suffisants pour nous mettre à l'écart du passage des véhicules et nous installons notre campement sur ce terrain pas accueillant, mais face à un coucher de soleil superbe sur le
« Clément Bienheureux » enneigé au sommet (3797 m).

Hovd en ligne de mire
21 juin
Nous partons après une nuit très ventée et pluvieuse ; le ciel se dégage, la piste descend vers, et oui, une gargotte, en face de l’entrée officielle de la réserve du « Khar Uus Nuur », le lac aux eaux noires .
Nous faisons une pause , thé, gâteaux, chocolat, avant de poursuivre dans des dispositions plus optimistes. Sachant qu’il y a encore 60 bornes pour atteindre Khovd, et que ça va monter tout le temps, nous sommes inquiets de l’état de la piste, et heureusement surpris : quand on pédale, le vélo avance, ce qui n’était pas toujours le cas la veille.
Mais comme un plaisir ne vient jamais seul, et que nous longeons le fameux lac vu ci-dessus, l’air est envahi de moustiques et de mouches. Et comme nous avançons à 5 km/heure sur ce faux-plat ascendant, les moustiques ont largement le temps de nous rattraper et de nous piquer le visage, les mains les avant bras, les chevilles. On avance comme on peut, mais ça gueule assez fort dans le peloton contre ces saloperies de bestioles, avec des qualificatifs qui ne sont pas encore dans les dictionnaires d’argot.
Plus tard nous passons un col qui nous met à distance du marécage, et ça va beaucoup mieux sans les moustiques. Sur notre lancée, nous envisageons d’être à Hovd le soir, avec des perspectives d’un luxe inavouable : douche, restau, lit . Belle lumière, montagne sur 360 degrés. Dommage que les moustiques aient gâché la moitié de la journée. .
Dix bornes avant Hovd, une bonne petite pluie d’orage nous rafraîchit les idées, juste avant l'arrivée à l'Övöö qui surplombe la ville droit devant.
11-hovd mosquee de poupeeLa séquence émotion de la fin de ce grand tour, nous fait retarder le moment de la descente sur le ruban de goudron bien lisse qui va jusqu’à la ville. Notre pause à l'Övöö est gâchée par les occupants alcoolisés d'une série de gros 4x4 ; ils se paient notre tête, ce qui leur vaut une engueulade avec Martine. Nous arrivons dans la ville, contents d’arriver, déjà nostalgiques de tout ce que nous laissons, en direction l’hôtel « Buyant » déjà visité trois semaines plus tôt, les autres sont plus chers et plus miteux. Nous sommes, comme chez nous, reconnus. A nous la grande vie pendant trois jours, jusqu’à notre départ en avion si tout fonctionne comme prévu.
( Alt : 1522 m, N47° 50 720, E 91° 51 813 )

Fin de l’épisode cyclopédiste
22 juin
Les affaires avancent bien. D’abord nous dormons, puis nous mangeons toute la journée,12-souvenir et decrepitude nous sommes complètement claqués et ne pensons qu’à ça. Ici nous pouvons nous laisser aller sans restrictions .Tous les prétextes sont bons pour un nième petit déjeuner, nième café, un petit paquet de gâteaux par ci, un bout de fromage par-là , en ville, au marché, quelques pommes , des yaourts, une cantine à midi, un goûter, un restau le soir. Ca nous remet très vite en bonne condition. Nous passons le reste du temps au café internet du coin pour passer deux mails et 15 photos, avec des computers qui marchent quand ils peuvent, en attendant lundi matin que les bureaux ouvrent.

23 juin
Lundi matin , les affaires reprennent, nous allons retirer plein de sous à la banque en vue de payer les billets d’avion. La guichetière est aussi accueillante que deux portes de prison qui se télescopent, on a l’impression de lui arracher le fric de la poche sous la contrainte. L’important étant qu’elle nous donne nos sous, nous n’avons pas d’états d’âme .
Ensuite, changement d’ambiance à Aero Mongolia, accueil souriant, poli, la secrétaire se souvient de nous et du coup de téléphone trois jours plus tôt, les billets sont prêts, ça se règle en quelques minutes et quelques liasses de billets, une en dollars, l’autre en tögrög.
Nous sommes tout de suite beaucoup plus légers, pour toutes raisons confondues, et en particulier pour la quasi certitude de ne pas faire le trajet Hovd-Ulaan Baatar en fourgon !.
Billets en poche pour le lendemain matin, nous visitons le musée de la ville, pas déplaisant, et qui serait beaucoup plus attrayant s’il y avait un minimum de traduction et d’explications en langue autre que mongole.
Les habitudes de passivité héritées des décennies passées sont omniprésentes, dommage.
Nous visitons la mosquée de Hovd, mosquée de poupée en carton pâte, charmante construction bleu-ciel et jaune citron, et les restes très ruinés de la muraille mandchoue du 18°, du temps héroïque où tout le monde s’entretuait cordialement dans le secteur. Nous faisons un tour des faubourgs de la ville où se désagrègent lentement mais sûrement quelques vestiges industriels de la fin du siècle dernier, tristes débris en décrépitude totale.
Nous trouvons des cartons au marché destinés à l’emballage de nos vélos pour le transport en avion , et faisons les valises. Pour demain , encore une incertitude : pour le transport des vélos quelle surprise nous guette ?
Petite victoire du jour, nous trouvons des pêches , des bananes et du café soluble, ça mérite d'être noté.

24 juin
Nous prenons sans encombre ( ! ), en discutant quand même le surcoût de bagages que l’employé veut nous faire payer le double du prix, rien que ça, l’avion Fokker de la compagnie Aero Mongolia, après avoir emballé les vélos sommairement.
A l’embarquement, surprise, nous croisons la petite Kang, informaticienne coréenne qui nous avait donné un coup de pouce à la poste de Hovd pour télécharger nos photos. Elle réapparait, toujours aussi volubile et chaleureuse, elle accompagne le retour de compatriotes coopérants venus faire un petit tour chez les sous-développés…
Nous arrivons à Ulaan Baatar sous la pluie. Pendant la moitié du vol nous avons pu regarder le paysage , désertique et parsemé des lacs qui traversent le pays, de Hovd jusqu’à Tosontsengel, lacs plus ou moins desséchés et rétrécis par rapport aux données des cartes pourtant pas bien vieilles (2003 et 2006 ). Ca sèche, ça sèche.
Fin du tour dans l'Altaï de Hovd



Au total,750 km à la louche, pas une seule petie crevaison , merci "schwalbe", des paysages à couper le souffle, une montagne de type alpin, magnifique. La période des transhumances de printemps vers les hautes vallées est surement la plus gratifiante pour les éleveurs, l'ambiance générale est bon enfant, positive, et les passants que nous sommes en bénéficient largement.
Il faut être autonome pour l'essentiel,chargé mais pas trop (nous avions 25 kgs de matos pour deux, plus les vélos, plus l'eau), ne pas craindre l'isolement, savoir qu'il n'y a pas de samu, aimer les grands espaces,le silence et la vie au grand air.
Pour ceux et celles qui veulent garder la ligne, c'est garanti: moins 7 kgs pour moi et moins 5 kgs pour madame, soit 10 % chacun.
Dernier point "technique", qui chatouille bon nombre de randonneurs cyclistes: les chiens. Ils gardent les yourtes, pas les troupeaux, qui sont toutjours sous garde humaine. En conclusion, les chiens restent à proximité de la yourte ou du maître, même s'il peut leur arriver de se dégourdir un peu les pattes en courant après le cycliste errant.
Pour citer une célébrité du voyage, le cyclopédiste Fred Ferchaux, "il faut laisser l'errant(e) en plan ".

Vers la partie 1/2

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 02:17

 

      203 b

 

Trois semaines dans l'Altaï de Hovd ( Mongolie) - juin 2008 en Vélo

Par Christian Bance, le 08.08.09

Manœuvres d’approche.

28 mai 2008 : Arrivés à Hovd (Alt : 1404 m, N 47°59 36, E 91°36 822), nous optons assez vite pour l’hôtel Buyant, belle réalisation cubique en briques d’une époque pas si lointaine ; nous digérons nos 44 heures passées à 22 passagers en moyenne, avec une pointe à 23, dans ce beau petit fourgon 4x4 UAZ gris de 9 places, dans lequel nous avons effectué le trajet Ulaan Baatar-Hovd, soit 1420 kilomètres.
Heureusement, les trois chauffeurs qui se sont relayés étaient sobres au volant, efficaces, le fourgon en bon état et, malgré les apparences pour nos yeux habitués à des jugements fondés sur une esthétique standardisée et envahissante, plutôt confortable.
Il faut dire qu’il était tellement chargé que la suspension pouvait pleinement jouer son rôle. Pour la consommation, autant que nous ayons pu en juger aux quantités englouties dans les différentes stations-service, ça tournait autour des 25 litres aux cent km, ce qui, ramené au kilo transporté, n’est pas beaucoup : 1,25 litres / personne / 100 km . Question confort individuel des passagers, c’est une autre histoire, à six sur trois sièges, il y a forcément des impasses, ce n’est pas le même cahier des charges que pour un TGV.
Au programme, quelques arrêts pipi-casse-croûte dans les guanz (cantines) . Nous avons pu déguster des buzz ( beignets de viande hachée bouillis), des khuchuur (les mêmes mais frits), du thé au lait ou au beurre, salé. Nous avons eu aussi deux pannes, une panne d’essence vers 02 h du matin , et la rupture des boulons de fixation de l’arbre de transmission avant, quelque part entre Altai et Mankhan, de la routine .
Le tout ne semblant absolument pas indisposer nos petits camarades de jeu, nous avons pris le parti optimiste et fait comme eux, descendre pisser un coup et attendre ; pas d’excès d’émotion .
Ceci dit c’est une expérience intense et éprouvante, une fois suffit. Nous avions rendez-vous à 14 heures au marché Naran Tuul, appelé aussi « marché noir » ou « marché des voleurs », où se trouve la principale gare routière d’UB. Nous partîmes à 20h00, après plusieurs chargements et déchargements dudit véhicule, en particulier pour confectionner une quatrième banquette de fortune avec des bagages des installés en guise de siège, appuyée à la double porte arrière , du grand art. Nos vélos se sont retrouvés perchés au-dessus du mètre de bagages savamment disposés sur le toit.
Après la première nuit, nous nous sommes clairement demandés si nous allions jusqu’au bout ou si nous descendions à la prochaine ville, ça devait être du côté de Bayankhongor, à environ 500 km d’UB, tellement le confinement, le mal aux fesses, les bouffées de claustrophobie , nous prenaient aux tripes . Nous résistâmes avec brio, il faut le dire bien encouragés par l’exemple de nos compagnons de voyage, tellement calmes et résignés que c'en est impressionnant .
Ce soir à Hovd : douche avec eau chaude à partir de 18 heures 30, chauffage urbain de modèle soviétique oblige.


29 mai,
01-vue altai sud hovdEnfin à pied d'oeuvre , nous sommes anxieux juste ce qu'il faut face à ce qui nous attend: un beau massif plein sud sur 180 °, avec quelques sommets enneigés .
Nous cherchons la route de Duut à la sortie de Hovd, prononcer « dououte », avec « ou » long sinon personne ne comprend , et malgré nos efforts d’articulation, on nous indique un chemin sablonneux qui ne fait pas bien notre affaire.
Quart d’heure technique, carte, boussole, cap vers la montagne, vers la rivière « Buyant », prononcer « bouillante », joli nom pour un torrent.
Nous plantons la tente pour la première fois sur la terre mongole, séquence émotion, au milieu de ce qui ressemble fort à une périphérie de terrain vague, quel bel euphémisme, vu que ce qu’on y trouve est tout sauf vague, ici comme ailleurs.
Nous campons au bord de l’eau, face à nos nombreux voisins éleveurs, leurs yourtes et leurs troupeaux, pattes courtes et pattes longues , sous un beau coucher de soleil accompagné de pluie sur tout l'horizon, sauf au-dessus de nos têtes, heureux présage .
En cherchant du bois près d’un des rares espaces cultivés et clôturés, je me fais presque kidnapper par un sympathique pochard local, gardien et jardinier de son état, bien mûr en cette fin d’après -midi. Il prend un bain de pieds dans une petite rigole d’irrigation, et veut absolument m’aider. Il va chercher sa femme, plus portée sur l’eau de boisson que lui. Elle parle un anglais rudimentaire et bien pratique, appris en une année à l’université de Hovd, et les explications reprennent, lexique franco mongol à l’appui. La conversation est assez fluide bien qu'entrecoupée des borborygmes alcoolisés du mari et d'un de ses copains, dont j'ai un peu de mal à me décoller .
Ils nous invitent pour la soirée si le temps devient mauvais, je décline l’invitation avec remerciements, et je m’apprête à partir, mais pas les mains vides. Notre héros s'en tire avec les honneurs en me gratifiant d’un sac de bois tiré de sa réserve avant mon départ. Ce sera parfait pour faire chauffer la soupe du soir.
Pensant trouver Martine inquiète de mon absence prolongée, je me rassure en la trouvant l’appareil photo à la main, mitraillant le coucher de soleil et les troupeaux de chevaux. Nous chauffons la soupe de nouilles. Il y a de la montagne partout, nous aurons besoin de calories, ça nous impressionne un peu, prochaine patelin , Duut à 70 km à vol d’oiseau.

Prise de contact avec l’Altaï de Hovd…

30 mai.
Au départ de Hovd on bidouille dans la caillasse le long de la rivière pendant 5 à 6 km grâce à des gamins qui nous indiquent une fausse piste, pour enfin prendre une bonne direction, et nous arrêter après 16 km, effectués en grande partie dans le sable, ça n’avance pas fort.
On monte la tente en catastrophe sous un coup de vent d’ouest ( force 7 ?), qui manque de faire voler la tente. Martine est d’extrêmement mauvaise humeur, on tire comme on peut chacun de son côté, s'attendant à dormir tout mouillés sur les cailloux. Et quand on réussit enfin à trouver après ½ heure de gesticulations dans quel sens se monte la tente, le vent est calmé, la pluie arrêtée, on se retrouve comme deux cloches en se disant : on repart ou on reste, éclats de rire à l’appui.
Vu l’heure, nous restons à regarder les chèvres, et ça nous vaut de la visite : un gamin venu se poster une heure devant la tente, dont la conversation est plus que réduite , malgré mes efforts démesurés et mon excellent accent mongol (…), il répond toujours oui à tout, peut-être par politesse, il est supposé parler russe, anglais, français, mais ça ne facilite pas les échanges. Il se casse enfin, et nous partageons quelques considérations cartographiques avec deux motocyclistes de passage, très intéressés et amusés par la découverte des noms de leurs vallées, montagnes, rivières, décrites sur notre carte.
A la tombée de la nuit, débarque clopin - clopant un petit vieux tout cassé, courbé à 90°, 02-et premier admirateurmarchant avec une canne, tout doucement, que nous appelons E.T. Il a sa yourte cachée derrière une colline à quelques centaines mètres, et bien entendu il a observé notre installation de son perchoir, longue vue à l’appui. Il arrive à nous faire comprendre qu’il est vieux (82 ans), on avait déjà compris qu’il n’était pas tout neuf, qu’il est très bigleux ( cataracte) et un peu sourd, tout ça avec le sourire, et qu’il attend la fin, tranquille . Il s’assoit près de la tente, nous regardant bricoler nos affaires et faire un thé au jasmin, dont je lui offre un gobelet. Il accepte poliment, trempe ses lèvres , mais quand je veux lui en servir un deuxième, il refuse catégoriquement en agitant la tête, façon de me dire, « ton truc c’est vraiment dégueulasse », et nous propose de venir boire un coup chez lui. Ca ne doit pas être le même genre de tisane, ici on carbure à la vodka « Chinggis ». Nous déclinons l’invitation pour cause de fatigue .Ce qui fut dit fut fait, nous dormons à 1600m près de la montagne Khatuu Uul ( montagne forte, ou montagne cruelle ?) Alt : 1563 m, N 47°53 834, E 91°29 564.

31 mai
Lever prévu à 05 h 00, effectif à 07h00 on part à 09h00.
Journée éprouvante, premièrement pour cause de sable qui ne facilite pas la progression des vélos chargés, et deuxièmement pour cause de fort dénivelé dans la caillasse quand le sable fut passé, ce fut parfois difficile de garder le sourire.
Nous croisons un de nos visiteurs de la veille qui retourne dans sa haute vallée en moto, une passagère qui a l’âge d’être sa chère mère sur le porte-bagage. Elle a l’air de nous trouver complètement frappés de monter la côte en vélo, ce qui est son droit le plus strict. Nous ne sommes pas loin de penser quelle a raison.
Vers 2000 m par un gros camion de « déménagement » de transhumants nous dépasse et s’arrête 50 m devant nous. Le chauffeur fait refroidir le moteur en arrosant copieusement le radiateur, et là nous avons une grosse tentation, celle de continuer en camion jusqu’au col rouge « Ulaan Davaa » . Le chauffeur n’est pas contre, mais ça n’est pas sa direction, il va vers le « Khokh Sekh » ( le Bouc Bleu ), plus à l’ouest .
Rétrospectivement, c’est très bien comme ça, et nous arrivons à Öliin Davaa ( le col pelé qui porte bien son nom , 2160 m , N 47°48 86, E 91°26 738 ), où nous nous restaurons, en attendant de trouver la solution d’un dilemme : il y a deux cols et deux routes, une vers le sud qui disparait très vite dans la descente, et une vers l’ouest qu’on voit à plusieurs km, mais pas vraiment dans la direction attendue. On est là comme des c…se demandant laquelle prendre, et malgré un repérage pédestre vers les övöö des environs, nous n’arrivons pas à trancher. Nous optons pour la solution verdure vers le sud, car qui dit verdure dit flotte, ce qui ne se néglige en aucun cas, quand arrive un motard qui confirme notre choix, plus direct que l’autre chemin, tout simplement.
Dans la vallée, nous nous baignons au milieu des yacks, chameaux, et chevaux, qui nous manifestent clairement qu’on les dérange, le tout dans une ambiance placide de carte postale . Repartis sur nos montures après le café, nous avons une dizaine de km à plat et le vent dans le dos , c’est rare mais ça existe.
Le soir campement dans un ambiance lunaire, feu de bois et de crottes pour un festin de nouilles ; la vie au grand air , aurait dit Reiser .
Nous avons la visite d’un cavalier curieux de nos petits trésors, matériel de cuisine, outillage. Nous lisons la carte, et il retourne à ses occupations du soir, quand je me rends compte que j’ai oublié de lui demander d’apporter les croissants demain matin. J’espère qu’il y pensera , histoire de nous prouver que l’hospitalité mongole, c’est pas du pipeau.

…Ses habitants , ses bestioles en tous genres

01 juin
03-campement vers duut votre serviteur et ses fourneauxOn voit des yacks, on passe quelques névés, un col a 2655 m, « Chiveriin Khötöl » ( Col de la Bruine, 2655 m, N 47°36 293, E 91° 28 080 ), une sorte de grand ensellement en pente douce avec vue dégagée, ça respire, et derrière ça une bonne descente bien roulante d’une vingtaine de kilomètres comme récompense, ça s’apprécie.
Des longues vallées suspendues, des grandes perspectives, habitées de bestioles quadrupèdes en tous genres, des couleurs pastel partout, les points blancs des yourtes par-ci, par-là dans les recoins, on s’en met plein les yeux.
Après la traversée de paysages grandioses dans un silence tranquille, nous débouchons sur la bonne ville de Duut en début d’après-midi. ( la plus haute commune « soum » de Mongolie , Alt : 2420 m, N 47°31 205, E 91°37 725 )
De loin ça donne quelques toits de toutes les couleurs, calés au fond d’un vallon avec verdure et chevaux. Quelques motocyclistes viennent constater notre installation pas vraiment discrète, car la vallée toute plate doit faire 10 km sur 10, et avec la longue-vue ( paire de jumelles sciée au milieu, comme ça on équipe deux personnes ) que chaque éleveur a dans sa poche, rien ne passe inaperçu.
Duut nous permet de téléphoner à Juju qui est toute chose, de faire des courses entourés de tous les gamins du coin, de manger du poisson en boite dont on ne sait pas déterminer si c’est du maquereau ou de l’esturgeon et comme c’est écrit en russe on n’en saura pas plus, des nouilles dégueulasses, bien collantes et pleines d’amidon.
Nous découvrons que l’administration de la période soviétique , jusqu’en 1991, a mis en place dans toutes les communes des infrastructures de base qui continuent de fonctionner . Par exemple la ville de Duut ( 500 habitants en 2007, 2000 dans toute la commune qui fait 2000 km2 ), offre les services d’une poste, d’une banque, d’une école primaire, d’un dispensaire pour humains, et d’un dispensaire vétérinaire . Reste à voir comment ça fonctionne dans le détail, mais pour les services dont nous avons eu besoin (poste et banque) , ça a globalement marché.
La ville nous donne aussi à voir qu’après une certaine heure de la fin d’après-midi, les épiceries se transforment en bar à vodka, où toute la gent masculine au dessus de 15-16 ans vient se torcher consciencieusement, pour se torcher… d’où une ambiance particulièrement glauque le soir.
Et ce ne sont pas les richesses architecturales de la bonne ville de Duut qui facilitent la rêverie : baraques de planches , maisons de béton tout décrépi. Une des constructions du village les mieux entretenues, est l’hôpital vétérinaire, pourquoi pas .
Quand on demande où trouver de l’eau à boire, on nous indique vaguement une direction , et nous nous retrouvons à filtrer l’eau du ruisseau dans lequel tous les animaux du coin, grands ou petits, viennent faire ce qu’ils ont à faire… Ca nous plait modérément , parce que même si on filtre, et on fait bouillir, l’eau claire a forcément une meilleure image de marque que l’eau marron…A la tombée de la nuit, après un petit tour, nous découvrons à l’ouest du patelin, une fontaine d’eau justement bien claire, à débit permanent, que personne dans la journée ne s’était fendu de nous indiquer. Nous sommes très surpris de ce je-ne-sais-quoi de passif dans les attitudes .
Il n’y a aucune espèce d’hostilité, au mieux une vague curiosité , mais surtout beaucoup d’indifférence, ce qui au fond ne nous gêne que modérément : nous sommes peinards.
Ce premier aperçu d’une petite ville est franchement laid à part les toits multicolores. C’est assez propre, même si personne ne se gêne pour balancer sa bouteille de verre ou de plastique n’importe où, du fait d’une récupération intensive de tout ce qui peut l’être, et le soleil fait le reste .

02 juin
Nous quittons Duut, sans regrets vu l’appétit des maringouins qui nous harcèlent jusqu’à notre départ, et croisons peu après un piéton senior très digne, qui nous confirme la direction générale pour Ulaan Davaa. Après un coup d’œil avisé sur notre chargement, il nous conseille une piste plutôt qu’une autre, et nous suivons son conseil.
Après une dizaine de km, nous passons à proximité d’une yourte, dont les occupants paraissent un peu surpris de notre équipage, ce qui ne nous étonne pas. Ils nous invitent de la main. Nous acceptons, vu que nous ne sommes pas loin de l’heure de notre pause réglementaire, et nous entrons dans la yourte, proprette comme dit Martine. Si beaucoup de détritus jonchent l’extérieur, quand on donne à boire, le bol est lavé, rincé, essuyé avec un torchon propre . Martine , observatrice, dit qu’il y a un côté propre pour la cuisine où rien ne traîne, et j’ajoute perfidement que partout ailleurs c’est crade, ce qui n’est pas forcément vrai, quoi que ...
Ceci étant, on nous offre du yaourt dans un grand bol avec du sucre, ce qui est yackement ou vachement bon. Je suggère qu’on prenne un bol pour deux et non pas un chacun, car malgré la gourmandise qui me titille l’estomac, je crains une bonne courante à la sortie… Nous partageons donc le fameux bol, buvons du thé au lait, bienvenu étant donné la chaleur extérieure, des gâteaux secs, tout ça fort poliment, et quand nous sommes rassasiés, nous prenons congé, comme ça se fait dans la région, sans beaucoup de manières . Martine donne symboliquement une petite savonnette de luxe à la grande ado de la maison, parce qu’on ne se voit pas laisser de la monnaie, là où manifestement on ne manque de rien d’essentiel. Et nous enfourchons nos véhicules, carte, boussole et GPS à portée de main et de vue, pour suivre le chemin indiqué par nos hôtes, qui nous mène dans la direction du lointain col ( encore une trentaine de km à vol d’oiseau ). On en « chie comme des rats » (sic enregistrement du jour ), pour cause de quelques raidillons et de souffle court au dessus de 2600 m. A nos âges ça devient dur de pousser le vélo.
Nous mettons en oeuvre une technique combinée, qui consiste à pousser pédestrement un premier vélo à deux personnes , à poser le dit vélo quand on a franchi sinon l’obstacle du moins une partie du dit obstacle, et à redescendre à pieds, légers chercher le deuxième vélo quelques centaines de mètres plus bas, et à recommencer, ce autant de fois que nécessaire, jusqu’à franchissement de l’obstacle . C’est moyennement amusant, mais quand c’est fini on est contents, parce que souvent après une grosse montée il y a du plat, voire de la descente. Voilà un des secrets du plaisir de la ballade en vélo, en montagne.
Ce fut le cas, ça descendait, et il ne faisait pas trop chaud, ça a permis aux calories de se dissiper en douceur.
Comme prévu après ma dose de yaourt, j’ai une accélération subite et mal contrôlée de mon transit, autrement dit la chiasse, pendant que Martine est constipée, donc tout est dans la norme.
Un peu fatigués de cette journée, nous trouvons un petit vallon en direction du col, toujours le même que nous traquons depuis trois jours. Un berger que je repère au loin et que je finis par rejoindre à la course, m’indique une direction tout droit dans la montagne, mais ses habitudes de cavalier qui fonce droit devant, ne sont pas compatibles avec nos capacités ni celles de nos montures à pédales. Nous débouchons dans un vallon boueux en cul de sac, sentant la pisse de chèvres, bordé par deux yourtes assez miteuses gardées par deux bergers aux mines patibulaires, le tout sous un crachin peu engageant, vaguement coursés par deux chiens grognons. Ambiance de rêve…
Nous ne nous attardons point, et sortons de ce petit cul de sac sans regret, dans la direction proposée par les patibulaires vus plus hauts et, oh miracle de la technologie ( GPS, boussole, carte et crayon pour les calculs), nous vérifions que sommes dans une direction compatible avec notre programme de demain, ce foutu col d’Ulaan Davaa .
Il n’y a qu’un poil de végétation, une herbe de 2 cm ½ qui couvre la vallée, quelques petites fleurs, mais pas de bois , et j’ai la flemme de ramasser les crottes, d’autant qu’il a plu à notre arrivée, donc vivons dans le luxe, soupe sur le réchaud à essence ! Question autochtones, c’est pas la foule . La seule préoccupation c’est de trouver de l’eau demain matin , allez bonne nuit, sous la pluie, ça berce. ( Alt : 2710 m, N 47°27 521, E 91° 22 803 )

Les affaires sérieuses sont en cours

03 juin,
04-douce progression ht vallee riv bleue pale du nordbAprès quelques coups de pédales, nous croisons une yourte au bord de la Khoit Tsenkher Gol ( la rivière bleu pâle du nord ), où l'on ne nous tourne ostensiblement le dos, chacun son humeur. Nous profitons de la rivière quelques centaines de mètres plus loin pour une halte thé-café-toilette, fort reconstituante après cette nuit dans une atmosphère humide et poisseuse.
Nous continuons revigorés, en faux-plat ascendant sur un chemin en balcon dans la haute vallée de la même rivière, pendant vingt km, de 2700 à 2900 m, dans une ambiance bien fraîche et minérale . Nous croisons quelques yourtes, et un camion de « déménagement » en panne, pont arrière démonté, coincé là-haut depuis deux jours avec papa, maman enceinte jusqu’aux yeux , deux gamins de sept- huit ans, dans l’attente de pièces détachées. Bonne humeur indispensable , et c’est leur cas, admirable .
Nous continuons notre chemin pour une petite pause de midi, et en traversant un petit gué, j’entends un bruit à l’arrière de mon véhicule, assorti d’un blocage de la roue arrière.
05-panne de veloC’est grave : rupture de la patte de fixation arrière droite de mon porte bagages qui se retrouve posé sur la roue-libre. Aïe…et merde. Heureusement que traîne dans un fond de sacoche tout un fatras de « petit merdier » bien sélectionné , bien répertorié mais sans destination spécifique a priori. Tout ça permet de réparer la chose, en remplaçant la fixation défaillante par une double patte d’acier perforé, que nous scions , ajustons, fixons sur l’axe de roue, merci la bricole.
Après cette examen de passage par 2900 m, en ce début d’après-midi, nous décidons de faire une sieste, ou au moins de prendre un peu le temps de traîner, avant la dernière montée pour le col Ulaan Davaa, que nous nous réservons pour demain .
A peine arrêtés, un orage nous tombe dessus, ce qui n’est pas peu dire , un vent infernal, suivi d’ une vraie tempête pendant trois heures, pluie et grêle au programme, ça tombe horizontalement, si l’on peut dire, et pour secouer, ça secoue : une tempête, quoi ! Nous nous accrochons de l’intérieur de la tente à l’armature , équipés de nos gants de ski et de tous nos vêtements d’hiver
( la température sous l’auvent passe de 25 ° à 03 ° ), de façon à rester bien collés par terre, aussi secs et chauds que possible, pas de fantaisie .
Trois heures plus tard, le vent se calme, la pluie s’arrête, c’est le beau temps, en deux heures tout est sec sauf les crottes de yack. Tutto va bene , petite promenade autour du lac, écourtée pour cause d’abords marécageux, et… soupe de nouilles .
Après la visite rituelle du voisin de la yourte de l’autre côté du lac, qui s’annonce en ouvrant la tente sans aucun préalable, nous envisageons la journée du lendemain avec gourmandise - on ne passe pas tous les jours un col à 3200 m - et appréhension au vu des passages nuageux: les conditions météo sont une variable majeure dans ce genre de promenade. Lire la carte, relire la carte nous donne l’illusion d’apprivoiser par anticipation les incertitudes, paradoxe moteur de toute rando tant soit peu « engagée » .
Lequel de nous deux a dit aujourd’hui : « qu’est-ce qu’on fout ici ? »
( Alt : 2900m, N 47°26 088, E 91° 16 880 )

Ulaan Davaa, 3200 m

04 juin
Ciel pas très engageant à 06 heures, fraîcheur et gros nuages alentour, nous montons vers Ulaan Davaa , on n’a pas bien dormi à cause de l’altitude, et des voisins qui sont venus faire du rodéo à moto autour de la tente vers deux heures du matin... Après la dizaine de kilomètres qui nous mène au pied du col, après le lac Olgoï Nuur ( le lac Boyau, sur Google Earth c’est très parlant ) nous avons une nouvelle séance de pousse-vélo, raide mais pas longue. Belles vues du col,
(06-ulaan davaan 3200metres 3206 m, N 47°24 014, E 91° 12 361 ), sur les vallées environnantes, tout juste libérées de leur enveloppe nuageuse, à l'ouest vers Delüün, au nord vers Duut, et nous voilà dans une descente caillouteuse, très instable et pleine d’eau qui ruisselle sur quelques kilomètres.
Après la descente sous le col, nous pouvons laisser un peu tomber la garde, profiter plus tranquillement du paysage sans risquer la chute, admirer ces grandes vallées, larges, ondulantes , peuplées de gamins, de yacks, de chevaux qui batifolent, qui jouent en montant vers les alpages d’été, de chiens qui se contentent d’aboyer deux fois à notre passage avant de continuer leur sieste derrière un caillou, d' éleveurs souriants, qui déménagent avec yourtes et bagages en trottant et galopant derrière leur bétail, bref, de la vie partout.
Nous continuons notre descente en longeant la rivière du col rouge, jusqu’au confluent avec la rivière aux cailloux « Tchuluut gol ». Sur une petite clairière entourée d’un bosquet de saules et de peupliers, nous posons nos valises. Merci pour le feu, l’eau qui récure et désaltère, c’est magique.
Question voisinage, c’est calme, les ouvriers qui refont la piste à coup de bulldozer un peu plus haut ont posé leurs outils avant de partir en camion vers la vallée, ce qui tombe bien, nous n’avons pas envie de faire la conversation après un bon dénivelé de 300 m positif au départ, suivi de 900 m à la descente, dont dix bornes de caillasses, gués et autres divertissements humides. Tout ceci nous permet de laver les concurrents et leurs frusques, avant un bon sommeil réparateur.
La journée fut dense : montée du raidillon avant le col, descente mouvementée, grandes étendues herbeuses, puis sableuses, visions panoramiques en tous genres, troupeaux en transhumance et ambiance festive de printemps, pour les humains comme pour les quadrupèdes. Nous avons passé quelques gués, timidement pour les premiers, on essaie de passer à sec, on fait des manières, et petit à petit on se laisse aller, on patauge allègrement sans faire semblant de vouloir rester secs, ce qui n’occasionne pas de souffrance particulière étant donné le ciel bleu et les 25 ° ambiants dans la basse vallée.

Fin de journée très détendue, agréable, des couleurs et des troupeaux partout sur l’herbe vert tendre, les yacks paisibles, timides.
La fin de la piste d’aujourd’hui était particulièrement roulante, agréable par son faible dénivelé ( ne pas avoir besoin de pédaler c’est bien, avoir à peine besoin de freiner c’est encore mieux ), à tel point que j’ai osé dire que ce n’était pas du vélo, mais plutôt de la descente en chaise-longue, avec quelques secousses en plus.
07-famille eleveur croisee en cheminNous fumes invités dans une yourte par une famille fort accueillante, souriante, autour d’une grand-mère qui a sorti sa del ( grand manteau brodé) des grands jours pour être belle sur la photo ; on boit un coup, on part quand c’est fini, sans cérémonial, sans se retourner, avec la promesse d’envoyer les photos.
On passe des groupes de femmes qui font le grand nettoyage de printemps, tapis multicolores étalés sur l’herbe devant la yourte, tableaux bucoliques qui font bon ménage avec l’ambiance de chaise-longue vue précédemment.
Nous savons pourquoi nous sommes venus, réponse si besoin est à la question vue plus haut, question qui s’estompe petit à petit, dans la grandeur simple des paysages où nous nous coulons tout doucement, de mieux en mieux, sur nos petits vélos de pas grand-chose, et qui sont si importants pour notre périple de silence , d’effort et de récompenses, de rêverie ininterrompue.
Je déclare que je sens mes genoux , ce qui ne signifie pas que je pue des genoux, non, je pue des pieds de temps à autres, comme beaucoup de gens très bien, mais ce sont mes genoux qui se rappellent à mon bon souvenir pour cause d’activité mécanique soutenue, en ces régions de montagne.
A la demande générale, je rappelle que mon porte-bagages a pété, et je suis en mesure de préciser, que mon porte-bagage n’est pas le seul à péter. Dans les montagnes où l’eau courante est très oxygénée, l’absorption de ce liquide comme breuvage quotidien, génère des émissions digestives de gaz à effet de serre, qui contribuent hélas à creuser le fameux trou dans la couche d’ozone, personne n’est parfait . L’avantage du porte-bagage, selon Martine, (prout-bagages ?), c’est qu’il ne pète qu’une fois, du moins on espère . Ainsi soit-il.
Et pourtant ici, que de l’eau à boire, et rien à fumer .
Alt 2380, N 47°22 429, E 91°03 799

Paysages , transhumance, la vie partout

05 juin
Nous démarrons dans la vallée de la rivière du col rouge, « Ulaan Davaa Gol », escortés par les maringouins, dans une ambiance qui passe sans cesse du désert franc aux oasis, et nous finissons nos réserves solides, un peu justes pour ces quelques jours, au confluent des rivières du « col rouge » et « Bulgan ».
Nous arrivons à Bulgan-Olgii à l’heure de l’apéro, et trouvons à notre goût l’unique hôtel restaurant du coin , sa tenancière, sa copine, en tout bien tout honneur, et leurs buzz . Nous réussissons même à faire comprendre que nous voulons une boisson gazeuse, ce qui nous vaut d’avaler un jus de pomme à bulles, pourquoi pas, la vie est belle .
Après les agapes de demi-journée, nous traînons dans la bonne ville de Bulgan-Olgii, village- boyau de quelques centaines de mètres de long, bordé de maisons de type isba, ou en pisé, et d’échoppes en tous genres, à la recherche de ravitaillement pour les jours suivants. Nos péchés mignons, sont dans l’ordre, le café soluble, toutes les copies de « vache qui rit », et il y en a un nombre certain, autrichienne, chinoise, mongole, allemande, etc…et les bouillons cubes.
Nous sommes escortés de quelques gamins curieux de notre équipage, de nos montures un peu plus sophistiquées que leur vélos « made in china » mais à peine, et surtout mieux réglées. Ils sont aussi intéressés par tous les câbles, pédaliers, manettes, compteurs et autres sacoches pleines d’objets, d’autant plus mystérieux que nous les gardons bien à l’abri des regards et des mains qui traînent. Tout se fait dans la bonne humeur, sans quémander . Nous avons même - un peu- le respect dû à nos cheveux blancs (nous sommes à l’âge où les mongols gardent les petits et les chèvres à la yourte…), et aux remarques des adultes du cru qui demandent clairement et gentiment aux mômes de nous laisser respirer, nous apprécions. Les gamins sont très fiers de nous escorter à la poste, et chez l’ épicier, probablement le seul de la ville, qui ait du café soluble, et le fameux fromage fondu à tartiner en rayons, pour lequel nous ne ferons pas davantage de pub, quel exploit !
Après un coup d’œil à la jolie petite mosquée façon maison de poupée – n’oublions pas que nous sommes chez les kazakhs, nous continuons le long de la rivière, et nous nous arrêtons
près d’une bergerie temporairement inoccupée, entourés de toutes les bestioles petites et grandes qui sévissent dans la région . Nous avons le temps d’observer chameaux, chevaux, grues-demoiselles, pies, goëlands, canards, cormorans, alors que nous ne sommes pas vraiment en zone maritime, yacks, et même un chat venu faire son marché près des terriers de gerbilles qui truffent le sol.
Nous recevons la visite de trois jeunes hommes à cheval, et après les présentations d’usage, nous proposons un thé au jasmin. Ce n’est manifestement pas ce qu’ils préfèrent, et après quelques politesses, ils nous gratifient d’un départ au grand galop, pour continuer au pas leur conversation quelques centaines de mètres plus loin.
Après mise en route du feu qui nettoie tout même l’eau, nous concluons cette riche journée par un mise à l’horizontale de bonne heure, dans un paysage aux dimensions tellement impressionnantes, qu’on s’y sent protégés, chez nous quoi. Nous passons inaperçus, ou plus exactement sans importance, quel régal.
(Alt : 1909 m, N 46° 53 000, E 91°09 934 )

06 juin
Nous partons un peu tard, pour cause de fatigue et de camping accueillant chez nos camarades à deux et quatre pattes, pour une journée très chaude . Le manque de punch nous incite même à faire un extra quasi gastronomique ce midi, sous forme de nouilles avec une sauce aux champignons, ce qui s'avère bien réconfortant, avec quelques vaches placides en fond d’écran, vision propice à une bonne digestion.
Nous avons droit à notre premier chien emmerdeur, qui nous course un peu sur quelques dizaines de mètres ; c’est surtout énervant, plus que dangereux, mais ça aurait pu gâcher la vue sur la montagne au nord, Mönkh Khairkhan ( le Clément éternel), 4364 m, enneigée au fond de la vallée. Nous réactualisons notre vieux dicton : « à chien con , maître con , et réciproquement », car il suffirait que le maître rappelle son chien pour que tout simulacre d'attaque cesse immédiatement, et au lieu de ça le maître ricane bêtement en regardant son chien s'exciter. Personne n'est parfait .
La piste suit la rivière sous les saules, ça n’est pas vilain du tout, le sol est caillouteux à souhait, puis ensablé, bonjour les poignets. Nous passons le village « Bazar Kol Suma », ou « Ulaan Nuur Bag » ( la compagnie du lac rouge ) selon l’origine russe ou mongole des cartes, village qui est à cette période de l’année quasi déserté, façon village fantôme, bien lugubre, un vrai village cauchemardesque de western, habité par deux gusses pour une cinquantaine de maisons basses en bois ou pisé, les toits couverts de crottes en tous genres, qui sèchent en réserve pour l’hiver prochain. On ne traîne pas, et quelques km plus loin, on double une petite guanz
( cantine), gardée par deux petites filles – 8 ou 10 ans -, qui nous font comprendre que papa et maman sont dans la montagne avec les bêtes, donc nous n’osons pas nous installer dans la cantine, probablement à tort..
Plus tard, nous trouvons un pont de bois en cours de réfection, agrémenté d’une barrière qui veut ressembler à un péage. Le gardien-réparateur a l’air aussi embêté que nous et ne sait pas bien si avec nos vélos et nos tronches d’extra-terrestres, nous sommes dans la catégorie de ceux qui paient , ou pas . Je prends les devants et nous passons sans payer, je sais maintenant que j’ai eu tort : si les locaux ne réparent pas, tout tombe en ruines, les autorités ne vont pas jusqu’à s’intéresser à l’entretien des pistes et des ponts dans ces coins perdus . Tout s’apprend .
Nous faisons halte à l’entrée des gorges de la Bulgan, que nous longerons demain, le relief est déjà bien torturé. Ambiance garantie.
Eau à volonté ce soir, à tel point que nous installons la tente trop près de la rivière, ce qui n’est pas indiqué en cas de grosse pluie. Après quelques ablutions et un peu de cuisine, nous déménageons à la tombée de la nuit, ça nous fait un peu d’exercice de monter la tente deux fois de suite le même soir …
Nouvelles du front, le porte-bagages objet de toutes mes attentions tient bon, j’ai trouvé un bon gros bout de fil de fer, ça peut servir.
( Alt ; 1675 m, N 46°40 287, E 91° 20 833 )


Gorges et rapides de la rivière Bulgan

07 juin
Après notre déménagement vespéral, de crainte d’une crue de la rivière, lever à 06h 06. Nous longeons les rapides sur la piste très caillouteuse rive gauche, sous une ombre bienvenue .
Nous ne voyons pas le moindre kayakiste, le long de la vingtaine de kilomètres de rapides, pourtant il y a de quoi faire, mais nous croisons beaucoup de troupeaux en transhumance, à pattes courtes et à pattes longues, qui ralentissent sérieusement notre progression déjà pas brillante, vu l’état catastrophique de la piste.
Les troupeaux montent par groupes de quelques centaines de bêtes, nous descendons à deux individus, nous ne faisons pas le poids, alors nous devons souvent patienter sur les bas-côtés de la piste large de quelques mètres, à chaque fois que nous croisons un troupeau.
Ambiance bucolique, mais au dixième troupeau, les salutations, les photos, tout ça …devient d’une fréquence encombrante, mais à la décharge de nos camarades montagnards, personne ne nous a forcés à venir chez eux. Tout le monde est très calme dans ce foutoir apparent, y compris les familles entières qui remplissent les quelques interstices restant dans les camions qui déménagent tout le matériel : yourtes, meubles, poêles, literie, parabole…
Piste, disais-je, très dégueulasse, pire que tout, en gros du sable mou dans lequel on s’enfonce, sur lequel on pousse et on porte, alternant avec de la caillasse qui ressemble aux marches d’ un escalier jetées en vrac, en montée et en descente, avec exceptionnellement 100 ou 200 mètres de sol plat où on ne s’enfonce pas.
Ce soir après 40 bornes, nous sommes lessivés . Nous faisons une pause sur une petite île au milieu de la rivière, fort sympathique , mais les moustiques, spécialité de la région , ont bon appétit, on était prévenus, alors on fait du feu. Nous mangeons du fromage un peu acide et salé, gracieusement offert par une de nos admiratrices de passage, que nous faisons cuire – le fromage, pas l’admiratrice- avec une confiture non identifiée, et c’est tout à fait intéressant pour nos papilles, histoire de changer de goût.
La diversion, le détournement, la fantaisie, l’imprévu, le décentrage, faire vivre l’imprévu, les trésors combinés du hasard et de l’imagination, on s’amuse bien .
Restons positifs, le vent nous accompagne avec un peu de sable , pour donner une consistance croquante à cette promenade de santé.
Autant que nos échanges linguistiques nous le permettent, nous apprenons que la distance restant pour Bulgan – Hovd , est estimée à 30 ou 70 km selon nos informateurs, et il semblerait que la piste soit encore très pourrie pendant 20 km ; donc pas de réjouissances urbaines ni de restau tout de suite , nous allons faire maigre encore au moins 24 heures. J’ai un peu les crocs mais ça s’arrangera bien un jour ou l’autre, merci les gâteaux fourrés aux figues en attendant, et les incontournables nouilles, de riz, de soja, de blé, italiennes, allemandes, russes, mongoles, coréennes, vietnamiennes, chinoises, je crois que c’est tout.
( Alt : 1378 m, N 46°26 202, E 91° 23 187 )

08 juin
Nous croisons quelques familles de transhumants kazakhs, dans différents véhicules bien chargés, jeeps avec remorques, camions à 2, 4 ou 6 roues motrices, monstrueux, débordant de matériel, suivis ou précédés par les troupeaux, dans des ambiances de bruits animaux qu’on a du mal à imaginer, avec la poussière du sable, les cailloux du chemin qui roulent. Cest une espèce de fête cosmique où la vie dans les hauts pâturages entraîne irrésistiblement tout et tout le monde. Nous sommes là-dedans un petit détail imprévu, sans importance et ça , ça ne s’invente pas.
C’est ça qui nous fait sortir du trou, ça fait partie des meilleurs moments de notre périple .
Nous traversons pendant 50 bornes une espèce de delta quasi à sec, à peu près plat, sur du sable assez ferme. Petite incursion dans l’extrémité Ouest du Gobi, en quelques centaines de mètres ça n’a plus rien à voir avec la montagne, on ne joue pas les mêmes enjeux, et pas avec les mêmes outils sur ce genre de terrain.
Petits, petits, sur nos petits vélos …même avec un peu d’eau.
Nous arrivons dans Bulgan Hovd, ville à l’ambiance sordide à 21h00, rien ne bouge, quasiment personne dans les rues. Des petites maisons basses à l’allure miteuse, aucune échoppe ouverte, quelques lampions faiblards, pas la moindre petite gargotte où on peut bouffer une bricole tant soit peu conviviale. Nous trouvons un hôtel du type bloc de béton soviétique ( le Tushig hotel), déglingué, pas entretenu, sans électricité, sans douche même rudimentaire, les chiottes au fond de la cour en bas d’un escalier du genre escalier de secours brinquebalant et à moitié dessoudé.
La tenancière antipathique, veut gonfler les prix, mais vu le standing nous lui faisons comprendre qu’il n’y aura pas de supplément au tarif que nous proposons. L’invasion de moustiques achève de nous mettre les nerfs en pelote.
( Alt : 1239 m, N 46°11 489, E 91°31 201 )

Bulgan-Hovd

Du 08 juin au soir, au 13 juin au matin
A la première heure nous changeons d’hôtel, direction le ( Tavaan Turuu hotel, hotel des cinq sangliers ).
Cette bonne ville de Bulgan est à 50 km de la frontière chinoise, le passage est autorisé en principe seulement aux frontaliers, à notre connaissance deux semaines par mois. Pendant ces deux semaines, la ville est traversée de camions de marchandises nuit et jour, tout le monde est sur le pied de guerre. C’est beaucoup simple de s’approvisionner en denrées courantes à la ville frontalière chinoise de Tashkshent, ou pour les matériaux ou matériels industriels de faire 480 km vers Urumchi par une route récente et goudronnée , que d’aller à Hovd, chef-lieu de la région à 400 km par des pistes montagneuses, ou dans les aïmag du centre de la Mongolie pas mieux approvisionnés, et à fortiori que de faire le long et fastidieux voyage jusqu’à Ulaan Baatar (1500 km en 3 à 4 jours de pistes quand tout va bien ).
Cette ville excentrée, administrativement mongole, est peuplée majoritairement de Kazakhs musulmans et de Torguud animistes et un peu bouddhistes. Elle ne semble pas beaucoup susciter l’intérêt du pouvoir central. Il n’y a toujours pas d’internet à Bulgan, par exemple. L’histoire récente montre que les voisins musulmans d’Urumchi et du Xinjiang sont en quête de reconnaissance, en Chine et à l’étranger, et certains connaisseurs disent qu’ils nouent des liens avec leurs coreligionnaires des régions de l’ouest mongol, dans les aïmag de Hovd, et surtout Bayan-Olgii et Uvs. Il y a peut-être des opportunités politiques et sociales que la classe dirigeante d’Ulaan Baatar particulièrement nombriliste et corrompue ne devrait pas négliger si elle veut contribuer à maintenir la stabilité de la région. Tous les prosélytismes se nourrissent des carences sociales et l’ouest mongol n’y échappe pas. Les pays du Moyen-Orient financent les études de certains étudiants, et la construction de mosquées, par exemple.
Nous séjournons dans notre ville – étape de Bulgan-Hovd, avec mandat d’une association pour faire un point des réalisations en cours depuis 2007 dans deux écoles, un jardin d’enfants, et en vue de consolider un partenariat entre ces deux communes reliées par l’histoire .
Après une mise en route laborieuse dans cette ville où nous ne connaissons rien ni personne, nous bénéficions de l’aide de quelques bonnes volontés pour mener à terme autant que possible notre engagement . Nous visitons deux écoles, un jardin d’enfants, en compagnie des directeurs d’écoles, de professeurs et d’instituteurs. Nous rencontrons le gouverneur –le maire- et son adjoint aux relations sociales. Et enfin la rapide visite que nous faisons de l’hôpital, et les quelques échanges avec les infirmières et sages-femmes présentes nous font une impression de première vue plutôt favorable, tant au plan de l’entretien des locaux et du matériel bien que vétuste, que de la compétence des personnes.
Nous passons quatre jours, hors –jeu au regard de notre périple, et reprenons nos aventures cyclopédistes, le 13 juin, après quelques journées et soirées mémorables en compagnie de Jill, notre interprète – hôtesse australienne, qui vit et travaille ici depuis cinq ans. Dans la catégorie des personnalités non conformistes, on peut lui réserver une place .
Dans ce bout du monde, ou cet entre deux ou trois mondes, une fin de 20° siècle, et un début de 21°, il se passe des choses complexes entre Mongolie, Chine, Russie, Khazakstan et d’autres régions, réactives aux tentations communautaristes, aux sirènes du libéralisme en expansion et à son corollaire de corruption.
Mélanges explosifs ? L’actualité est pleine d’exemples . Ca bouge, ça bouge.
Fin de la première partie, traversée nord-sud
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